L’EMA a cette année fait appel au compositeur Benoit Barrail pour écrire la pièce centrale du programme 2022 : Le Radeau de la Méduse.
La création a eu lieu le vendredi 25 Février à Cazaubon (32) et a été reprise le 26 février et le 19 Mars.
Le poème symphonique débute par la représentation de l’immensité de l’océan : des tenues aux bois se mélangent aux notes SOL MI DO LA jouées par les cuivres solistes, et qui sont les quatre notes que l’on peut associer au nom du peintre (GERICAULT). Un thème joué par les cuivres émerge de cette nappe sonore, alternant obstinément sur deux accords et des vagues sont jouées par les bois. Une deuxième partie, d’un caractère beaucoup plus épique et dynamique, nous fait entendre le début du voyage, la joie et l’excitation de l’aventure maritime. Quelques dissonances aux trombones nous annoncent l’arrivée des ennuis et l’ensablement du navire. La tension devient extrême et aboutit sur un climax faisant alterner les timbales, qui battent inlassablement la pulsation, et l’orchestre. S’ensuit une partie beaucoup plus calme et angoissante symbolisant l’attente sur le radeau : sur des glissandos de flûtes, ponctués par des claquements du piccolo et des percussions, un thème émerge dans les instruments graves, c’est un thème entêtant et chromatique qui représente la folie qui gagne les passagers et donc, tous les instruments. Il enchaîne avec un passage tribal, au rythme fortement marqué, symbolisant les errements des survivants (dispute, éthylisme, cannibalisme). Enfin, la dernière partie symbolise l’arrivée de l’Argus. Il y a peu de survivants et la pièce glisse inlassablement vers la nuance pianissimo et vers des sons graves, à l’image du tableau de Géricault qui est atteint d’un assombrissement irréversible à cause des matériaux utilisés pour le réaliser.